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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


physionomie d’une coupable. De ce moment, indigne de régner ou incapable d’occuper le trône, autrement que sous la régence d’un homme tel que moi, étranger à ces fautes, il me fallait, en conséquence, la faire évader de Torgau. Mais comme il était impossible d’agir par séduction, je fis mettre le feu à la forteresse. Au sortir de mon château, dont elle avait accepté l’asile, je la fis arrêter par Schinders, scélérat à mes gages. Elle passa de là au tribunal secret où je la fis conduire de même et d’où elle ne serait pas si facilement sortie sans la médiation du père de Bathilde dont j’ignorais l’existence à ce tribunal. Les nouveaux troubles qui se manifestèrent en Saxe furent également le résultat de mes cabales auprès de l’empereur Henri : j’éloignais par là Frédéric d’un trône que je faisais occuper par Thuringe, qui était guidé par moi et qui m’obéissait en vertu du pouvoir que j’avais acquis sur lui en me rendant le maître des secrets de son cœur. Frédéric m’échappant pour aller reprendre le timon des affaires, je le fis arrêter par les impériaux et conduire dans la forteresse d’Altenbourg où je le fixai pendant que je continuais d’engager sa femme dans de nouvelles aventures qui tournaient toutes au profit de mon amour et de mon ambition, et qui, comme je viens de