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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/42

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CAHIERS PERSONNELS


On me mit deux nuits et deux jours au secret ; d’ailleurs des égards et des honnêtetés. Le 16, je fus interrogé deux fois par Moutard, le matin, de deux à quatre, le soir, de huit à dix. Je m’en rapportai à la feuille que j’avais préparée là le matin. Moutard m’interrogea une troisième fois le 18 ; on me présenta les manuscrits pris chez Massé : j’en avouai deux et dis sur les deux autres ce que j’avais dit relativement à Justine. Le septième jour, Madame n’avait pas encore pu me voir. Le huitième jour, on me laissa prendre dans mon carton des papiers dont j’avais besoin, et on me dit que le préfet, n’ayant pas voulu prononcer sur mon affaire, l’avait renvoyée au ministre de la Police. Madame parut avec B. L., mais je ne pus les voir. Le 25, on vint et on m’écrivit que mon affaire serait finie le lendemain. Le 27, Madame m’écrivit qu’elle me conseillait de voir un défenseur. Quelle contrariété ! Peut-on agir ainsi avec un homme qui souffre ? Le 28, je vis M. Jaillot, de Versailles, et, le 30, on me fit sortir de la petite chambre pour être avec les autres. Le 5 germinal, je retournai à l’interrogatoire ; on me présenta une lettre que je désavouai. Au retour, j’embrassai Madame en passant. Ainsi, à mon cent vingtième jour, j’eus mon quatrième interrogatoire. Le 11, un des détenus me prévint que j’allais être trans-