Aller au contenu

Page:Sade - Dorci, ou la Bizarrerie du sort, 1881.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 15 —


l’aime. Elle le retient, elle le supplie de ne pas se perdre.

— « Eh bien ! s’écrie-t-il, je consens à vivre, je consens à fuir, si vous ne m’abandonnez pas, si vous m’aimez ! Autrement, adieu ! laissez-moi mourir[1]. »

Une heure après, Mlle de Montreuil montait dans la chaise de poste qu’il avait préparée et qui les emporta en Italie.

Le marquis de Sade, pendant qu’il était rompu vif en effigie, par arrêt du 11 septembre, jouissait dans un palazzo de l’inceste qu’il avait préparé par des moyens plus abominables que le but même. Mlle de Montreuil mourut dans ses bras, d’une maladie violente, à l’âge de vingt et un ans, et son amant, dont le cerveau se troublait de plus en plus, revint en France, où il fut pris, conduit à Vincennes, en vertu d’une lettre de cachet, et ensuite transféré à la Bastille. Sa maladie cérébrale se développa étrangement dans le régime de la prison, qui avait d’abord été très dur : ni linge

  1. Pour l’authenticité de ce dialogue, je n’ai que les références indiquées à la note de la page 8.