ce qui est produit par les autres ? L’âme n’est-elle
pas altérée dans toutes les maladies de l’homme ?
Et comment le serait-elle sans son intime liaison
avec le corps ? Les facultés intellectuelles, en un
mot, sont-elles autre chose que les facultés matérielles ?
Le cerveau de l’homme lésé par les accidents
de la folie, ne peut-il pas, comme la membrane
veloutée de son estomac, être corrodé par
un poison quelconque ; et si l’acte désorganisateur
est au fond le même et ne diffère que par la nature
du venin employé, qui nous dira que les recherches
de la botanique ne doivent pas fournir ce qui peut
altérer l’un, comme ce qui peut déranger l’autre ?
Une seule difficulté nous arrête : n’errons-nous
pas dans la majeure de notre proposition, et dans
ce cas toutes les conséquences ne sont-elles pas
fausses ? Est-il vrai que les facultés morales soient
de la même nature que les facultés physiques ?
Ce doute nous ramènerait à des siècles de ténèbres
heureusement dissipées pour nous ; ne craignons
donc pas d’errer sur ce fait. La folie qui attaque
les facultés morales ne les trouble que parce
qu’elles sont physiques ; elle ne les dérange que
par la raison que tout ce qui attaque le moral lèse
infailliblement le physique, et vice versa, et la
folie n’étant qu’une maladie attaquant à la fois
l’âme et le corps peut donc se donner, comme elle
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ISABELLE DE BAVIÈRE