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ISABELLE DE BAVIÈRE


Charles VI qu’elle délivre du mortel le plus dangereux.

« S’il en est un seul qui répugne à cette action, qu’il ne s’arme point. Voilà des massues, des épées, des poignards pour les autres… Et Craon s’emparant lui-même de l’une de ces armes : puisse, s’écria-t-il, le fer que voici, guidé par mes mains vengeresses, s’enfoncer le premier dans le cœur du coupable. Qu’aucun remords, qu’aucune terreur ne trouble vos esprits, autant on doit frémir d’un meurtre illégitime, autant il faut s’enorgueillir de celui qui venge d’un seul coup Dieu, l’honneur et le roi. »

Toutes les armes sont saisies et tous ceux qui les prennent jurent d’obéir.

Le jour choisi pour cette infâme action était celui de la fête du Saint-Sacrement. La superstition de ces temps d’ignorance affectait de ne préférer pour l’exécution des plus affreux complots que les jours consacrés par la religion, comme si les coupables eussent le dessein d’associer le ciel à leur férocité.

La nuit vint. Elle avait été précédée d’un orage qui couvrait encore tout Paris des plus épaisses ténèbres.

Loin de se prêter aux complots projetés on eût dit que le ciel n’obscurcissait l’horizon de ses