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ISABELLE DE BAVIÈRE

En vain les huit domestiques du connétable l’essayent-ils ; eux et leur maître sont assaillis et frappés de tous côtés. Les valets fuient, et Clisson resté seul au milieu de ses meurtriers, eût infailliblement succombé sans la cotte de mailles qu’il portait sous ses habits. Plus aucun moyen de se reconnaître… l’obscurité est si profonde, que quelques lâches se poignardent entre eux. D’autres, effrayés de l’horreur gratuite qu’on leur fait exécuter et des dangereuses méprises dont l’obscurité les rend victimes, et plus encore sans doute de la valeur avec laquelle Clisson se défend, prennent la fuite, s’éparpillent dans les rues adjacentes, ou se rejettent à l’hôtel de Craon. Un seul plus acharné que les autres, lance au connétable un coup si terrible, qu’il le renverse de son cheval et le fait tomber sur la porte d’un boulanger, encore entrouverte, et qu’enfonce le poids de son corps. La faible lumière qui sort de cette boutique achève de porter la terreur dans l’âme des coupables ; tous prennent la fuite, Clisson reste seul et sans connaissance.

Quelques-uns de ses gens se rapprochent alors ; un d’eux vole avertir le roi de ce qui se passe. Charles allait se mettre au lit : sans se rhabiller, il monte en croupe derrière l’émissaire dont il presse le cheval de toutes ses forces. Il arrive