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ISABELLE DE BAVIÈRE


table, tu ne mourras point. — Eh bien, mon dernier soupir sera donc pour mon prince, et (poursuivit Clisson en pressant les mains de son maître) cet espoir me console de tout. »

Cette scène touchante ayant enflammé les plaies, les chirurgiens supplièrent le roi de se retirer. « J’y consens, dit Charles, mais c’est à condition que vous m’en répondrez, je ne le quitte point sans cela. — Oui, Sire, nous en répondons. — Je sors donc tranquille, dit le roi… adieu, connétable ; je vais reconnaître si tu m’aimes, par les soins que tu prendras de toi », et il l’embrassa…

Quel tableau que celui d’un roi, mêlant ses pleurs au sang qu’un de ses meilleurs officiers répandit autrefois pour son service ; que de droits il acquiert sur celui qu’on lui offre encore, et quel titre à l’adoration de ses peuples !

À l’instant les ordres les plus sévères furent donnés au prévôt de Paris de faire arrêter les meurtriers de Clisson. Mais ils étaient bien servis : de bons chevaux les firent échapper à la justice des hommes, et non pas à celle de Dieu, qui laisse rarement d’aussi grands crimes impunis. On arrêta quelques gens innocents, entre autres un chanoine de Chartres, chez lequel avait logé Craon ; mais le coupable ne put être atteint.