scélérat quand le duc de Bretagne lui eut fait
observer que le tort que lui faisait le connétable,
tant par son ascendant sur l’esprit du roi, que par
les immenses richesses qu’il détournait chaque
jour à son profit, était infiniment plus dangereux
pour elle, que toutes les indiscrétions de Craon si
faciles à paralyser ; et que Craon devenait, dans
le fait, le seul homme assez téméraire pour la
débarrasser d’un ennemi bien plus à craindre pour
elle, que ne pouvait l’être le connétable, et surtout
quand on lui aurait fait entendre que le marquis
était la seule cause des disgrâces que le connétable
venait d’essuyer à la cour.
On sent bien qu’Isabelle, naturellement vindicative, n’eut pas plutôt conçu tout cela, qu’elle saisit ardemment un moyen qui remplissait aussi bien ses vues. En effet, de deux choses l’une : ou Craon réussissait, et Isabelle était débarrassée d’un homme qui devenait par sa conduite le plus grand ennemi qu’elle pût avoir ; ou il manquait son coup, et alors elle se trouvait défaite d’un homme qui l’avait trahie.
Ce plan avait été tracé aux conférences de Tours ; et le duc de Bretagne, qui le conseillait, gagnait aussi de son côté, puisqu’il perdait Clisson, dont tout ce que nous avons vu devait le rendre l’un des plus cruels ennemis. L’événement