liaisons avec le marquis, sollicita vivement la
reine de lui faire rendre sa liberté, en lui prouvant,
et cela était vrai, qu’elle aurait pu l’obtenir
même sans acquitter la dette réclamée par la
reine de Sicile ; et voici la réponse d’Isabelle à
peu près telle que nous l’avons trouvée dans les
papiers de ce malheureux favori[1] :
« Bourdon, lui dit la reine, il y a longtemps que je n’estime les hommes que par l’utilité dont ils me sont, Craon eut autrefois mes faveurs : comme ce ne fut qu’à ce prix qu’il consentit au meurtre de Clisson, je fis part au duc d’Orléans de la singulière récompense qu’il exigeait ; je rappelai combien il avait jadis abusé de notre crédulité. Le duc m’objecta qu’il n’y avait pas à balancer entre la vie de Clisson et le prix qu’exigeait Craon pour la lui ôter, et qu’attendu que Craon était en ce moment aussi instruit du crime projeté que nécessaire à son exécution, il fallait tout faire pour le conserver. Craon fut donc heureux… un seul jour, j’en conviens, mais il le fut, et nous servit. D’Orléans voulut ensuite le perdre et nous l’abandonnâmes au duc de Bretagne ; tu sais le reste. De nouveaux besoins nous l’ont fait rappeler ; cette obligation est celle du crime, elle est cruelle,
- ↑ 5e liasse, fo 2.