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ISABELLE DE BAVIÈRE


d’assurer la succession des duchés de Brabant et de Limbourg. Il était beau-père du dauphin, considéré pour lors comme héritier de la couronne si Charles ne laissait pas d’enfant mâle en mourant. Le comte de Charolais, son fils aîné, avait épousé une fille du roi ; ses alliances s’illustraient encore de l’union de l’un des fils de Charles avec Jaqueline de Bavière, sa nièce, fille du comte de Hainaut : pouvait-il exister un plus grand seigneur ? S’agissait-il de talents et de vertus guerrières, combien sous ce point de vue Jean l’emportait sur Louis ! et quelle différence de réputation ! plus brave que Louis, Jean le surpassait encore par l’usage savant qu’il faisait de cette bravoure, dans tout ce qui tenait à l’art militaire ; plus heureux que Louis, Jean comptait des victoires où son cousin avait à peine cueilli quelques lauriers. Si les faibles succès de Louis à la guerre lui donnaient l’orgueil et l’insolence des petits talents, le duc de Bourgogne mettait à la place de cette ridicule vanité, une modestie surprenante dans le triomphe, et qui en relevait tellement l’éclat et le mérite, qu’il avait trouvé l’art bien précieux de se gagner les cœurs que désespéraient ses exploits.

Mais il faut malheureusement convenir que les vices cachés par ces vertus l’emportaient de beaucoup sur elles ; telle est à peu près l’histoire de