comme une ruse dont il était aisé de démêler la
cause, sans l’attribuer à ce qui vient d’être dit ?
Voilà, cependant, comme on s’étourdissait alors
sur tous les effets de la politique des grands et
comme on s’aveuglait sur les vérités les plus évidentes,
dès que l’intérêt ou l’ignorance paraissaient
y jeter des voiles. Il fallait qu’Isabelle et le duc
de Bourgogne se réunissent à Paris ; mais comment
pouvaient-ils concilier cette réunion avec l’apparence
d’inimitié que devait afficher Isabelle envers
le duc ? il fallait d’ailleurs que l’éloignement de
celui-ci mît la reine en état de ressaisir les rênes
de l’empire : le pouvait-elle tant qu’il serait à
Paris ? elle devait agir pendant son absence, et lui,
devait prolonger cette absence jusqu’à ce qu’Isabelle
eût pris des mesures telles, qu’une fois réunis,
rien ne pût détruire leur autorité.
Isabelle voulut donc que le pouvoir qu’on allait confier au duc fût revêtu de la sanction générale. En conséquence, on convoqua une assemblée nombreuse composée de l’élite du royaume et présidée par la reine et le dauphin de Guyenne. On y admit cent des plus notables bourgeois de Paris. Ce fut là que l’avocat du roi, Jean Juvenal des Ursins, déclara que l’intention de Sa Majesté était que la puissance souveraine fût octroyée et commise à la reine et à Monseigneur le duc de Guyenne, le roi empêché ou absent.