le cœur de la reine. Il la consultait sur les moindres
affaires, comme sur les plus importantes. On voyait
qu’il était jaloux d’avoir son opinion et ses suffrages,
et qu’il se faisait gloire de suivre ses
conseils. Ce fut lui qui arrangea le mariage de
Louis de Bavière, frère de la reine, avec une fille
de cette princesse. Cet hymen fut célébré à Melun.
Tout ceci paraissait avoir pour motif de consoler
la reine de l’obligation où elle allait être de rendre
le dauphin qui, venant d’atteindre sa quatorzième
année, devait de ce moment remplacer son père
lorsqu’il était malade.
On sentit en même temps que le peu d’instruction et de capacité de cet enfant obligeait à lui donner un conseil, et le duc de Berri, ayant eu la bonhomie de refuser, on s’adressa au duc de Bourgogne qui, en qualité de beau-père du jeune prince, semblait justifier ce choix. Un dépôt aussi précieux qui devenait la source de toutes les grâces fut, comme on croit, bien promptement accepté par un homme rempli d’avarice et d’ambition, et la reine, toujours d’intelligence avec lui, se félicita d’un ordre de choses qui, en la dégageant de soins incommodes, lui laissait tous les agréments.
Ce fut au Lit de justice tenu dans la grande salle du palais, vers la fin de 1409, que ces arrangements furent pris.