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ISABELLE DE BAVIÈRE


dans un cachot, d’où il ne put se délivrer que par une forte rançon, qui dédommagea tant soit peu la reine de la perte énorme qu’elle venait de faire.

Dès que par la retraite des Orléanais les campagnes environnantes furent évacuées, les Bourguignons s’y répandirent, pillant, égorgeant, sans distinction d’âge ni de sexe, tout ce qui se présentait à eux, et cela sous le seul prétexte d’avoir logé des Orléanais. Les chemins, les villages, les champs, tout était couvert de cadavres, qu’on ne prenait seulement pas la peine de couvrir. Ce qu’épargnait le fer du soldat devenait à l’instant la pâture de son avarice sordide, ou de sa brutale obscénité.

Une jeune fille du village de Stein, près Saint-Denis, ayant refusé de dire où étaient cachés son père et sa mère, fut à l’instant déshonorée par ces monstres qui l’égorgèrent après, sur le corps même de ses parents, dès qu’ils en eurent découvert la retraite.

Tels étaient les excès auxquels se livraient des hommes naturellement doux, mais égarés par des intérêts qui ne les touchaient en rien et qui, cependant, leur paraissaient assez chers pour y sacrifier leur fortune et leur vie.

Peu de jours après, Charles fut à Notre-Dame rendre grâce au ciel, dit Voltaire, de ce qu’une partie de sa nation venait d’égorger l’autre.