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ISABELLE DE BAVIÈRE


recherches, pourquoi l’histoire ne pourrait-elle pas de même espérer de grandes améliorations dans la connaissance de ces faits, qui ne seraient comme ailleurs que le fruit de nouvelles études ?

Les auteurs contemporains, nous dit-on, sont toujours ceux qui doivent avoir sur notre croyance les droits les mieux établis ; ils ont vu, donc il faut les croire. On va traiter de paradoxe, sans doute, l’opinion où nous sommes, que c’est précisément parce qu’ils ont vu qu’ils sont le moins dignes de foi, et que ce qui leur établit une telle réputation aux yeux du vulgaire est justement ce qui la leur enlève aux nôtres. Ceux qui soutiennent ce que nous combattons ne réfléchissent pas qu’aucun historien ne se trompe aussi souvent que ceux qui prétendent avoir vu, il n’en est point qui aient de meilleures raisons de nous déguiser la vérité des faits qu’ils écrivent : car s’ils ont à peindre des vertus en les traçant sous les règnes qui les ont fait naître, ils sont taxés de flagornerie ; si ce sont des crimes qu’ils ont à révéler, oseront-ils le faire sous les princes qui les ont commis ?

Ainsi donc, pour bien raconter une chose, il est essentiel de ne l’avoir pas vue ?

Ce n’est point là du tout ce que nous disons, il s’en faut : nous certifions seulement qu’il ne faut aucune passion, aucune préférence, aucun ressentiment pour écrire l’histoire, ce qu’il est impossible d’éviter quand on touche à l’événement. Nous croyons simplement pouvoir