douces et pacifiques bien éloignées du genre de
crimes qu’on voudrait lui supposer ici ? Le duc de
Bourgogne provoqua la colère du dauphin ; le récit
de l’aventure vient de le prouver ; nous venons
également de voir le motif qui le faisait agir ; mais
sont-ce là des raisons pour que le dauphin l’ait
fait tuer ? pour qu’il en ait même donné l’ordre ?
Non, certes, le mouvement peu respectueux du
duc est à l’instant réprimé par les partisans du
dauphin qui, très aises de trouver un motif de
venger la mort du duc d’Orléans au parti duquel
ils tiennent tous, saisissent cette occasion pour se
défaire de celui qui tua leur chef.
N’allons pas chercher d’autres causes, voilà les seules ; et gardons-nous surtout de croire qu’un jeune homme tel que le dauphin, loyal, franc, généreux, eût voulu se souiller d’un tel attentat. Eh ! non, non, un prince tel que se montra Charles VII peut s’endormir sur le sein d’Agnès, mais n’assassine pas les gens sur un pont[1].
- ↑ Nous convenons que la hache portée par Tanneguy a pu laisser quelque idée de préméditation ; mais que de choses détruisent cette idée ! D’abord est-il bien sûr que Duchâtel se soit plutôt servi d’une hache que de son épée, et puis ne pouvait-il pas avoir cette hache pour se défendre et non pour attaquer ? N’arrive-t-il pas tous les jours qu’en nous exposant à un danger, l’ami qui nous accompagne se soit armé sans nous le dire ?