contractée. Il n’était pas une de ces réflexions qui
ne le ramenât au désir de se raccommoder avec
le dauphin : et que de dangers l’instigatrice de
tous ces troubles ne courait-elle pas alors ? On se
sert des traîtres au besoin, devait-elle penser, mais
on les perd parce qu’on les redoute, dès qu’ils
cessent de nous être utiles.
Eh ! quel nouveau sujet de crainte pour Isabelle, quand elle vit cette célèbre Jeanne, la femme la plus singulière de son siècle, après avoir surmonté la faiblesse de Charles VII, le conduire en triomphe aux pieds des autels à Reims où la couronne qui lui était due allait se fixer enfin sur sa tête par la main du ministre des deux.
On juge aisément ici de l’inquiétude qu’un tel événement lui causa, ainsi qu’au duc de Bedford dont le chagrin s’accroissait encore en raison des pertes journalières qu’éprouvait le parti anglais, d’abord par la désertion prodigieuse des soldats de cette armée, ensuite par le retard du duc de Glocester à faire passer les secours qu’il avait promis au régent.
Ces circonstances, et surtout le couronnement de Charles, ranimaient le courage des habitants de Paris ; et l’on s’aperçut bientôt à quel point s’augmentait ce qu’on appelait encore le parti du dauphin.