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ISABELLE DE BAVIÈRE


était nécessaire de procéder à l’examen physique de Jeanne, attendu que si l’on découvrait qu’elle ne fût pas vierge, il devenait certain que l’excès de son attachement pour le roi n’avait d’autre cause que son intrigue avec lui, d’où, ajoutait-elle, était venue la grande jalousie qu’Agnès Sorel avait conçue de Jeanne d’Arc ; ce qui militait infiniment contre cette prétendue héroïne de vertu, et qu’alors cela seul suffisait pour la faire condamner. L’examen eut lieu, et ce qui suit s’accorde avec tous les historiens[1]. Le duc, disent les pièces publiques du procès, d’accord avec les nôtres, se fit un barbare plaisir de l’exécution du conseil de la reine. Retranché derrière un mur, auquel on avait pratiqué une fente, il examina le travail des matrones, et là, au mépris de toutes les lois de la décence et de l’humanité, le monstre considéra d’un œil impur celle qu’il allait envoyer à l’échafaud. Néron, en soulevant la robe d’Agrippine qu’il venait de faire périr, dit : Elle est encore belle. L’infâme Bedford dit en examinant Jeanne qu’il veut assassiner : La malheureuse est pourtant belle.

Peu de temps après, la pucelle tomba malade sous les fers qui la liaient aux murs de son cachot.

  1. Voyez Villaret, t. 15, p. 58 et note.