était nécessaire de procéder à l’examen physique
de Jeanne, attendu que si l’on découvrait qu’elle
ne fût pas vierge, il devenait certain que l’excès
de son attachement pour le roi n’avait d’autre
cause que son intrigue avec lui, d’où, ajoutait-elle,
était venue la grande jalousie qu’Agnès Sorel
avait conçue de Jeanne d’Arc ; ce qui militait infiniment
contre cette prétendue héroïne de vertu,
et qu’alors cela seul suffisait pour la faire condamner.
L’examen eut lieu, et ce qui suit s’accorde
avec tous les historiens[1]. Le duc, disent les
pièces publiques du procès, d’accord avec les
nôtres, se fit un barbare plaisir de l’exécution du
conseil de la reine. Retranché derrière un mur,
auquel on avait pratiqué une fente, il examina le
travail des matrones, et là, au mépris de toutes les
lois de la décence et de l’humanité, le monstre
considéra d’un œil impur celle qu’il allait envoyer
à l’échafaud. Néron, en soulevant la robe d’Agrippine
qu’il venait de faire périr, dit : Elle est
encore belle. L’infâme Bedford dit en examinant
Jeanne qu’il veut assassiner : La malheureuse est
pourtant belle.
Peu de temps après, la pucelle tomba malade sous les fers qui la liaient aux murs de son cachot.
- ↑ Voyez Villaret, t. 15, p. 58 et note.