Aller au contenu

Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ÉMILIE DE TOURVILLE
95


avec impatience, poursuivit le comte en s’adressant à Émilie, je ne veux vous ramener chez vos parents qu’en qualité de l’épouse de mon fils et je me flatte qu’ils ne refuseront point de s’unir à moi pour réparer vos malheurs ; s’ils ne le font pas, je vous offre ma maison, mademoiselle ; votre mariage s’y célébrera, et jusqu’à mon dernier soupir je ne cesserai de voir en vous une belle-fille chérie dont je serai toujours honoré, qu’on approuve ou non son hymen. Luxeuil se jeta au cou de son père, mademoiselle de Tourville fondait en larmes en pressant les mains de son bienfaiteur, et on la laissa quelques heures se remettre d’une scène dont la trop longue durée eût nui au rétablissement que l’on désirait de part et d’autre avec tant d’ardeur.

Le quinzième jour enfin de son retour à Paris, mademoiselle de Tourville fut en état de se lever et de monter en voiture, le comte la fit vêtir d’une robe blanche analogue à l’innocence de son cœur, rien ne fut négligé pour relever l’éclat de ses charmes, qu’un reste de pâleur et de faiblesse rendait encore plus intéressants ; le comte, elle, et Luxeuil se transportèrent chez le président de Tourville qui n’était prévenu de rien et dont la surprise fut extrême en voyant