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Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/146

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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


services dans ces maisons publiques, lui proposa même d’aller avertir Nicolet qui se ferait un véritable plaisir de lui préparer une loge, à moins qu’il n’aimât mieux pourtant débuter chez Audinot. Le président dit[1] : Ma bonne m’avait bien prévenu quand j’étais petit que le parisien était un peuple caustique et facétieux qui ne rendrait jamais justice à mes vertus, mais mon perruquier m’avait pourtant ajouté que ma tignasse leur en imposerait ; le bon peuple, il badine quand il meurt de faim, il chante quand on l’écrase… oh ! je l’ai toujours soutenu, il faudrait à ces gens une inquisition comme à Madrid ou un échafaud toujours dressé comme à Aix.

Cependant M. de Fontanis, après un peu de toilette qui ne laissa pas que de relever l’éclat de ses charmes sexagénaires, après quelques injections d’eau-rose et de lavande, qui n’étaient point, comme dit Horace, des ornements ambitieux, après tout cela, dis-je, et peut-être quelques autres précautions, qui ne sont pas venues à notre connaissance, le président vint se présenter chez son ami le vieux baron ; les deux battants s’ouvrent, on annonce et le président

  1. Le lecteur est averti qu’il faut provençaliser, grasseyer tout le rôle du président, quoique son orthographe ne l’indique pas.