court et sa charmante sœur furent dîner à une
petite maison du marquis au bois de Boulogne,
et là, le sévère aréopage décida en style énigmatique,
semblable aux réponses de la sibylle de
Cumes, ou aux arrêts du parlement d’Aix, qui au
titre de l’indigénité égyptienne a quelques droits
à l’hiéroglyphe, qu’il fallait que le président
épousât et n’épousât point. La sentence portée, les
acteurs bien instruits, on revient chez le baron,
la jeune personne n’offre à son père aucune difficulté,
d’Olincourt et sa femme se font, assurent-ils,
une fête d’un hymen aussi bien assorti, ils
cajolent étonnamment le président, se gardent
bien de rire davantage quand il paraît, et gagnent
si bien l’esprit du gendre et du beau-père, qu’ils
les font consentir l’un et l’autre à ce que les
mystères de l’hymen ne se célèbrent qu’au château
d’Olincourt près de Melun, terre superbe
appartenant au marquis ; tout le monde y consent,
le baron seul est, dit-il, désolé de ne pouvoir
partager les plaisirs d’une fête aussi agréable,
mais s’il peut, il ira les voir. Le jour arrive enfin,
les deux époux sont sacramentalement unis à
St -Sulpice, de très grand matin, sans le moindre
appareil, et dès le même jour on part pour
d’Olincourt. Le comte d’Elbène, déguisé sous le
nom et sous le costume de La Brie, valet de
Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/150
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX