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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


justice… et la justice est la mère de… je vous demande bien pardon, madame, il y a des moments où quelquefois la mémoire me fait faux bond… — Oui, oui, c’est juste, répondit la folle marquise en se retirant et en emmenant tout le monde, observez seulement que tout n’aille pas se trouver ce soir en défaut chez vous comme la mémoire, car enfin il en faut finir, et ma petite sœur qui vous adore ne s’arrangerait pas éternellement d’une telle abstinence.

Ne craignez rien, madame, ne craignez rien, poursuivit le président, en voulant raccompagner la marquise d’une marche un peu circonflexe, n’appréhendez rien, je vous conjure, je vous la rends demain Mme de Fontanis aussi certainement que je suis un homme d’honneur. Est-il vrai, petite, continua le robin en revenant à sa compagne, ne m’accordez-vous pas que cette nuit va terminer notre besogne… vous voyez comme on le désire, il n’est pas un individu dans votre famille qui ne se trouve honoré de s’allier à moi : rien ne flatte dans une maison comme un magistrat. — Qui en doute, monsieur, répondit la jeune personne, je vous assure que pour mon compte je n’ai jamais eu tant d’orgueil, que depuis que je m’entends appeler Mme la présidente. — Je le crois sans peine ; allons, désha-