refaire le galant auprès de sa femme. — Oh
vraiment, monsieur, lui dit la petite personne
quand elle se vit au point de ne pouvoir plus
reculer, j’ai maintenant bien d’autres affaires
en tête que l’amour ; lisez ce qu’on m’écrit,
monsieur, je suis ruinée ; et elle présente en
même temps une lettre à son mari dans laquelle
celui-ci voit que le château de Téroze, éloigné de
quatre lieues de celui où l’on est et situé dans
un coin de la forêt de Fontainebleau où jamais
personne ne pénètre, habitation dont le revenu
forme la dot de son épouse, est depuis six mois
habité par des revenants qui y font un tapage
effroyable, nuisent au fermier, dégradent la
terre et empêchent et le président et sa femme,
si l’on n’y met ordre, de jamais toucher un sol
de ce bien-là. — Voilà une nouvelle affreuse,
dit le magistrat en remettant la lettre, mais ne
pourrait-on pas dire à votre père de nous donner
autre chose que ce vilain château ? — Et
que voulez-vous qu’il nous donne, monsieur,
observez que je ne suis qu’une cadette, il a
beaucoup donné à ma sœur, il serait mal à moi
de vouloir exiger autre chose, il faut se contenter
de cela et tâcher d’y mettre ordre. — Mais
votre père savait cet inconvénient quand il vous
a mariée. — J’en conviens, mais il ne le croyait
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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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