mençait sa tournée, il l’allait donc avoir de la
première main ; un brave eût joui de cette flatteuse
espérance, mais le président qui comme
tous les présidents de l’univers et particulièrement
comme les présidents provençaux, n’était
rien moins que brave, se laissa aller à un tel acte
de faiblesse en apprenant cette nouvelle, qu’on
fut obligé de le changer des pieds à la tête ;
jamais aucune médecine n’avait eu un effet plus
prompt. Cependant on le rhabille, on l’arme de
nouveau, on met deux pistolets sur une table
dans sa chambre, on place une lance d’au
moins quinze pieds dans ses mains, on allume
trois ou quatre bougies et on l’abandonne à ses
réflexions.
« Ô malheureux Fontanis, s’écria-t-il dès qu’il se vit seul, quel est le mauvais génie qui t’a conduit dans cette galère, ne pouvais-tu pas trouver dans ta province une fille qui eût mieux valu que celle-ci et qui ne t’eût pas donné tant de peines ? tu l’as voulu, pauvre président, tu l’as voulu, mon ami, t’y voilà, un mariage de Paris t’a tenté, tu vois ce qu’il en résulte… Péchaire, tu vas peut-être mourir ici comme un chien sans pouvoir seulement t’approcher des sacrements, ni rendre l’âme dans les mains d’un prêtre… Ces maudits incrédules avec leur équité, leur loi de