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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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parler de lui. Les catins se plaignirent, on ne les soutint plus en Provence et les mœurs y gagnèrent, parce que les jeunes filles se voyant privées de cet indécent appui, préférèrent le chemin de la vertu aux dangers qui pouvaient les attendre dans la route du vice, quand les magistrats seraient assez sages pour sentir l’inconvénient affreux de les y soutenir par leur protection.

On se doute bien que pendant les arrêts du président, le marquis d’Olincourt après avoir fait revenir le baron de Téroze de ses préjugés trop favorables sur Fontanis, avait travaillé à ce que toutes les dispositions qu’on vient de voir fussent faites avec sûreté ; son adresse et son crédit y réussirent si bien, que trois mois après Mlle  de Téroze épousa publiquement le comte d’Elbène, avec lequel elle vécut parfaitement heureuse.

J’ai quelquefois un peu de regret d’avoir autant maltraité ce vilain homme, disait un jour le marquis à son aimable belle-sœur, mais quand je vois d’un côté le bonheur qui résulte de mes démarches, et que je me convaincs de l’autre que je n’ai vexé qu’un drôle inutile à la société, foncièrement ennemi de l’État, perturbateur du repos public, bourreau d’une famille honnête et respectable, diffamateur insigne d’un gentilhomme que j’estime et auquel j’ai l’honneur