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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


devenait impossible à Mme  de Telême de cacher ses actions à celui qui l’examinerait des croisées du cabinet de notre financier. Ce fut de là, où le libertin la lorgna dès le premier jour tout à son aise et de là, où son cœur obscène s’enflamma de la passion la plus illicite qu’il eût encore éprouvée de sa vie, mais comme ces effervescences de débauche méconnaissent la délicatesse du sentiment qui n’encensant que l’objet qu’il adore, sacrifie tout à cette seule divinité, et croirait l’inconstance un crime, Flavie seul et unique recours de la malheureuse marquise, Flavie presque aussi bien que sa maîtresse, échauffa de même l’intempérance de ce vilain faune, et il crut non seulement pouvoir se satisfaire sans aucun danger, mais même que cette créature séduite par lui, ne servirait qu’à hâter la défaite de l’autre. Dès le lendemain il se confia à Saint-Verac, et comme celui-ci ne trouva nul inconvénient à l’entreprise, on lança la maîtresse de l’hôtel garni sur la malheureuse Flavie qui ne tenant point à une centaine d’écus satisfit amplement le financier sitôt qu’il le voulut, et devint de ce moment-là l’un des plus fidèles esclaves de ses désirs. Dès qu’on la vit si bien gagnée, on crut pouvoir lui confier le projet, elle approuva, elle promit de le servir, et la