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LE COCU DE LUI-MÊME
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ces lourds bavards pesants, monotones, ayant toujours un conte à vous faire dont ils rient une heure à l’avance sans être assez heureux pour dérider seulement une minute le front de ceux qui les écoutent. Il possédait un assez gros emploi dans les fermes, et pour se consoler d’un fort mauvais mariage autrefois contracté par lui à Orléans, après y avoir délaissé sa malhonnête épouse, il mangeait tranquillement à Paris vingt ou vingt-cinq mille livres de rentes avec une très jolie femme qu’il entretenait et quelques amis aussi aimables que lui.

La maîtresse de M. de Raneville n’était pas précisément une fille, c’était une femme mariée et par conséquent plus piquante, car on a beau dire, ce petit sel de l’adultère met souvent bien du prix à une jouissance ; elle était fort jolie, âgée de trente ans, le plus beau corps possible ; séparée d’un mari plat et ennuyeux, elle était venue de province chercher fortune à Paris, et n’avait pas été longtemps à la trouver. Raneville naturellement libertin, à l’affût de tous les bons morceaux, n’avait pas laissé échapper celui-là, et depuis trois ans, par des traitements très honnêtes, par beaucoup d’esprit et beaucoup d’argent, il faisait oublier à cette jeune femme tous les chagrins que l’hymen avait autrefois pris plaisir