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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


s’allie au culte que vous lui devez… Vous passez dans le monde pour une de ses plus fidèles sectatrices : j’y crois ; mais quelle preuve ai-je que vous méritez réellement cette réputation ? Je croirais bien mieux, si je vous voyais résister à d’artificieuses attaques : ce n’est pas la femme qui se met dans le cas de n’être jamais séduite, dont la vertu est la mieux constatée, c’est celle qui est assez sûre d’elle pour s’exposer à tout sans rien craindre.

Mme de Sernenval ne répondait rien à cela, parce qu’en fait l’argument était sans réponse, mais elle pleurait, ressource commune des femmes faibles, séduites, ou fausses, et son mari n’osait pas pousser plus loin la leçon.

Les choses étaient en cet état lorsqu’un ancien ami de Sernenval, un nommé Desportes, arriva de Nancy pour le voir et conclure en même temps quelques affaires qu’il avait dans la capitale. Desportes était un bon vivant, de l’âge à peu près de son ami et ne haïssait aucun des plaisirs dont la nature bienfaisante a permis à l’homme de faire usage pour oublier les maux dont elle l’accable ; il ne résiste point à l’offre que lui fait Sernenval d’un logement chez lui, se réjouit du plaisir de le voir, et s’étonne en même temps de la sévérité de sa femme qui, du