devoirs plus essentiels à remplir. L’heure sonne,
nos deux amis arrivent chez leur charmante
entremetteuse, un boudoir où ne règne qu’un
jour sombre et voluptueux, renferme la déesse
où Desportes va sacrifier. Heureux enfant de
l’amour, lui dit Sernenval en le poussant dans le
sanctuaire, vole dans les bras voluptueux que
l’on étend vers toi, et viens seulement après me
rendre compte de tes plaisirs ; je me réjouirai de
ton bonheur, et ma joie sera d’autant plus pure
que je n’en serai nullement jaloux. Notre catéchumène
s’introduit, trois heures entières
suffisent à peine à son hommage, il revient enfin
assurer son ami que de ses jours il ne vit rien
de pareil et que la mère même des amours ne
lui aurait pas donné tant de plaisirs.
Elle est donc délicieuse, dit Sernenval à demi enflammé. — Délicieuse ? ah je ne trouverais pas d’expression qui puisse te rendre ce qu’elle est, et dans cet instant-ci même où l’illusion doit être anéantie, je sens qu’il n’est aucun pinceau qui puisse peindre les torrents des délices dans lesquelles elle m’a plongé. Elle joint aux grâces qu’elle a reçues de la nature, un art si sensuel à les faire valoir, elle sait mettre un sel, un piquant si réel dans sa jouissance que j’en suis encore dans l’ivresse… Oh mon ami, tâtes-en, je t’en