Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/140

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» tante eſt bien hardie d’oſer m’écrire après cet exécrable délit ; ce qu’elle fait de mieux eſt de bien cacher ſa retraite ; elle peut être ſûre qu’on l’y troublera ſi on l’y découvre. Qu’oſe-t-elle réclamer ? Que parle-t-elle d’argent ? Ce qu’elle a pu laiſſer équivaut-il aux vols qu’elle a faits, ou pendant ſon ſéjour dans la maiſon, ou en conſommant ſon dernier crime ? Qu’elle évite un ſecond envoi pareil à celui-ci, car on lui déclare qu’on ferait arrêter ſon commiſſionnaire, juſqu’à ce que le lieu qui récéle la coupable ſoit connu de la juſtice ».

Continuez, ma chere enfant, dit Madame de Lorſange en rendant le billet à Théreſe, voilà des procédés qui font horreur ; nager dans l’or & refuſer à une malheureuſe qui n’a pas voulu commettre un crime, ce qu’elle a légitimement gagné, eſt une infamie gratuite qui n’a point d’exemple.

Hélas ! Madame, continua Théreſe, en reprenant la ſuite de ſon hiſtoire, je fus deux jours à pleurer ſur cette malheureuſe lettre ; je gémiſſais bien plus du procédé horrible qu’elle prouvait, que des refus qu’elle contenait ; me voilà donc coupable, m’écriai-je, me voilà donc une ſeconde fois dénoncée à la juſtice pour avoir trop ſû reſpecter ſes loix ! Soit, je ne m’en repens pas ; quelque choſe qui puiſſe m’arriver, je ne connaîtrai pas du moins les remords tant que mon ame ſera