Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/154

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s’extaſiant de plaiſir. Son agitation eſt extrême, il hurle, il blaſphême, il flagelle ; ſes verges ne s’impriment nulle-part que ſes levres ne s’y collent auſſi-tôt. Et l’intérieur de l’autel, & la bouche de la victime… tout, excepté le devant, tout eſt dévoré de ſuçons, bien-tôt ſans varier l’attitude, ſe contentant de ſe la rendre plus propice, Rodin pénétre dans l’aſyle étroit des plaiſirs ; le même trône eſt pendant ce temps, offert à ſes baiſers par ſa gouvernante, l’autre fille le fouette autant qu’elle a de forces, Rodin eſt aux nues, il pourfend, il déchire, mille baiſers plus chauds les uns que les autres expriment ſon ardeur, ſur ce qu’on préſente à ſa luxure ; la bombe éclate, & le libertin enivré oſe goûter les plus doux plaiſirs au ſein de l’inceſte & de l’infamie.

Rodin alla ſe mettre à table, après de tels exploits, il avait beſoin de réparer. Le ſoir il y avait encore & claſſe & correction, je pouvais obſerver de nouvelles ſcènes ſi je l’euſſe déſiré, mais j’en avais aſſez pour me convaincre & pour déterminer ma réponſe aux offres de ce ſcélérat. L’époque où je devais la rendre approchait. Deux jours après ces événemens-ci, lui-même vint me la demander dans ma chambre. Il me ſurprit au lit. Le prétexte de voir s’il ne reſtait plus aucunes traces de mes bleſſures, lui donna, ſans que je puſſe m’y oppoſer, le droit de m’examiner nue, & comme il en faiſait autant deux fois le jour depuis un mois,