Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/171

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ſairement une jeune fille pour cet examen. Qu’obſerve-t-on dans l’âge de puberté ? rien ; les menſtrues déchirent l’hymen, & toutes les recherches ſont inexactes ; ta fille eſt préciſément ce qu’il nous faut ; quoiqu’elle ait quinze ans, elle n’eſt pas encore réglée ; la maniere dont nous en avons joui ne porte aucun tort à cette membrane, & nous la traiterons tout à l’aiſe. Je ſuis ravi que tu te ſois enfin déterminé.

Aſſurément, je le ſuis, reprit Rodin ; il eſt odieux que de futiles conſidérations arrêtent ainſi le progrès des ſciences ; les grands hommes ſe ſont-ils laiſſé captiver par d’auſſi mépriſables chaînes ? Et quand Michel-Ange voulut rendre un Chriſt au naturel, ſe fit-il un cas de conſcience de crucifier un jeune homme, & de le copier dans les angoiſſes. Mais quand il s’agit des progrès de notre art, de quelle néceſſité ne doivent pas être ces mêmes moyens ! Et combien y a-t-il un moindre mal à ſe les permettre ? C’eſt un ſujet de ſacrifié pour en ſauver un million ; doit-on balancer à ce prix ? Le meurtre opéré par les loix eſt-il d’une autre eſpece que celui que nous allons faire, & l’objet de ces loix, qu’on trouve ſi ſages, n’eſt-il pas le ſacrifice d’un pour en ſauver mille ? — C’eſt la ſeule façon de s’inſtruire, dit Rombeau, & dans les hôpitaux, où j’ai travaillé toute ma jeuneſſe, j’ai vu faire mille ſemblables expériences ; à cauſe des liens qui t’en-