fuite ! Théreſe, voilà donc l’effet de vos grands
principes de vertu… enlever une fille à ſon pere ?
— Aſſurément, répondis-je avec fermeté, & je le
dois quand ce pere eſt aſſez barbare pour comploter
contre les jours de ſa fille. — Ah ! ah ! de l’eſpionnage
& de la ſéduction, pourſuivit Rodin ; tous
les vices les plus dangereux dans une domeſtique ;
montons, montons, il faut juger cette affaire-là.
Roſalie & moi, traînées par ces deux ſcélérats,
nous regagnons les appartemens ; les portes
ſe ferment. La malheureuſe fille de Rodin eſt attachée
aux colonnes d’un lit, & toute la rage
de ces furieux ſe tourne contre moi, je ſuis accablée
des plus dures invectives, & les plus effrayans
arrêts ſe prononcent ; il ne s’agit de rien
moins que de me diſſéquer toute vive, pour examiner
les battemens du cœur, & faire ſur cette
partie des obſervations impraticables ſur un cadavre.
Pendant ce temps on me deshabille, & je deviens
la proie des attouchemens les plus impudiques.
— Avant tout, dit Rombeau, je ſuis d’avis
d’attaquer fermement la fortereſſe que tes bons
procédés reſpectèrent… C’eſt qu’elle eſt ſuperbe ;
admire donc le velouté, la blancheur de ces deux
demi-lunes qui en défendent l’entrée, jamais Vierge
ne fut plus fraîche. — Vierge ! mais elle l’eſt preſque,
dit Rodin… Une ſeule fois malgré elle
on l’a violée, & pas la moindre choſe depuis.
Céde-moi le poſte un inſtant… & le cruel entre-
Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/177
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 169 )
M