Aller au contenu

Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 169 )


fuite ! Théreſe, voilà donc l’effet de vos grands principes de vertu… enlever une fille à ſon pere ? — Aſſurément, répondis-je avec fermeté, & je le dois quand ce pere eſt aſſez barbare pour comploter contre les jours de ſa fille. — Ah ! ah ! de l’eſpionnage & de la ſéduction, pourſuivit Rodin ; tous les vices les plus dangereux dans une domeſtique ; montons, montons, il faut juger cette affaire-là. Roſalie & moi, traînées par ces deux ſcélérats, nous regagnons les appartemens ; les portes ſe ferment. La malheureuſe fille de Rodin eſt attachée aux colonnes d’un lit, & toute la rage de ces furieux ſe tourne contre moi, je ſuis accablée des plus dures invectives, & les plus effrayans arrêts ſe prononcent ; il ne s’agit de rien moins que de me diſſéquer toute vive, pour examiner les battemens du cœur, & faire ſur cette partie des obſervations impraticables ſur un cadavre. Pendant ce temps on me deshabille, & je deviens la proie des attouchemens les plus impudiques. — Avant tout, dit Rombeau, je ſuis d’avis d’attaquer fermement la fortereſſe que tes bons procédés reſpectèrent… C’eſt qu’elle eſt ſuperbe ; admire donc le velouté, la blancheur de ces deux demi-lunes qui en défendent l’entrée, jamais Vierge ne fut plus fraîche. — Vierge ! mais elle l’eſt preſque, dit Rodin… Une ſeule fois malgré elle on l’a violée, & pas la moindre choſe depuis. Céde-moi le poſte un inſtant… & le cruel entre-

M