Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/206

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les trois autres le ſuivent de près, & me voilà, pour la ſeconde fois, indignement ſouillée des preuves de la dégoûtante luxure de ces inſignes coquins.

En voilà ſuffiſamment pour un premier jour, dit le Supérieur ; il faut maintenant lui faire voir que ſes compagnes ne ſont pas mieux traitées qu’elle. On me place dans un fauteuil élevé, & là, je ſuis contrainte à conſidérer les nouvelles horreurs qui vont terminer les orgies.

Les Moines ſont en haie ; toutes les Sœurs défilent devant eux, & reçoivent le fouet de chacun ; elles ſont enſuite obligées d’exciter leurs bourreaux avec la bouche pendant que ceux-ci les tourmentent & les invectivent.

La plus jeune, celle de dix ans, ſe place ſur le canapé, & chaque Religieux vient lui faire ſubir un ſupplice à ſon choix ; près d’elle, eſt la fille de quinze, dont celui qui vient de faire endurer la punition, doit jouir auſſitôt à ſa guiſe ; c’eſt le plaſtron : la plus vieille doit ſuivre le Moine qui agit, afin de le ſervir ou dans cette opération, ou dans l’acte qui doit terminer. Sévérino n’employe que ſa main pour moleſter celle qui s’offre à lui & vole s’engloutir au ſanctuaire qui le délecte, & que lui préſente celle qu’on a placée près de là ; armée d’une poignée d’orties, la vieille lui rend ce qu’il vient de faire : c’eſt du ſein de ces douloureuſe titillations que naît