de ſe nourrir, comme il convient, deux cents
coups ; manquer de reſpect aux Moines, cent quatre-vingt
coups. Voilà nos ſeuls délits, nous pouvons
d’ailleurs faire tout ce qui nous plaît, coucher
enſemble, nous quereller, nous battre, nous
porter aux derniers excès de l’ivrognerie & de la
gourmandiſe, jurer, blaſphémer : tout cela eſt égal,
on ne nous dit mot pour ces fautes-là ; nous ne
ſommes tancées que pour celles que je viens de
te dire, mais les Doyennes peuvent nous épargner
beaucoup de ces déſagrémens, ſi elles le veulent ;
malheureuſement cette protection ne s’achete que
par des complaiſances ſouvent plus fâcheuſes que
les peines garanties par elles ; elles ſont du même
goût dans l’une & l’autre ſalle, & ce n’eſt qu’en
leur accordant des faveurs qu’on parvient à les
enchaîner. Si on les refuſe, elles multiplient ſans
raiſon la ſomme de vos torts, & les Moines qu’on
ſert, en en doublant l’état, bien loin de les gronder
de leur injuſtice, les y encouragent ſans ceſſe ;
elles ſont elles-mêmes ſoumiſes à toutes ces règles,
& de plus très-ſévérement punies, ſi on les
ſoupçonne indulgentes : ce n’eſt pas que ces libertins
ayent beſoin de tout cela pour ſévir contre
nous, mais ils ſont bien aiſes d’avoir des prétextes ;
cet air de Nature prête des charmes à leur volupté,
elle s’en accroît. Nous avons chacune une
petite proviſion de linge en entrant ici ; on nous
donne tout par demi-douzaine, & l’on renouvelle
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