neuf heures ſonnerent ; la Doyenne nous appella
bien vîte, le régent de jour parut en effet.
C’était Antonin, nous nous rangeâmes en haie
ſuivant l’uſage. Il jetta un léger coup-d’œil ſur l’enſemble,
nous compta, puis s’aſſit ; alors nous allames
l’une après l’autre relever nos jupes devant
lui, d’un côté juſqu’au deſſus du nombril ; de l’autre
juſqu’au milieu des reins. Antonin reçut cet
hommage avec l’indifférence de la ſatiété, il ne
s’en émut pas ; puis en me regardant, il me demanda
comment je me trouvais de l’aventure ?
Ne me voyant répondre que par des larmes…
— Elle s’y fera, dit-il en riant ; il n’y a pas de
maiſon en France où l’on forme mieux les filles
que dans celle-ci. Il prit la liſte des coupables,
des mains de la Doyenne, puis s’adreſſant encore
à moi, il me fit frémir ; chaque geſte, chaque
mouvement qui paraiſſait devoir me ſoumettre à
ces libertins, était pour moi comme l’arrêt de la
mort. Antonin m’ordonne de m’aſſeoir ſur le bord
d’un lit, & dans cette attitude, il dit à la Doyenne
de venir découvrir ma gorge, & relever mes
jupes juſqu’au bas de mon ſein ; lui-même place
mes jambes dans le plus grand écartement poſſible,
il s’aſſeoit en face de cette perſpective, une
de mes compagnes vient ſe poſer ſur moi dans
la même attitude, en ſorte que c’eſt l’autel de
la génération qui s’offre à Antonin au lieu de mon
viſage, & que s’il jouit il aura ces attraits à hau-
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