Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/281

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le temple où je vais ſacrifier… & dans cette bouche enchantereſſe… je me tais… C’eſt le reptile impur flétriſſant une roſe, ma comparaiſon vous dit tout.

Le reſte de la ſoirée devint ſemblable à tout ce que vous ſavez, ſi ce n’eſt que la beauté, l’âge touchant de cette jeune fille, enflammant encore mieux ces ſcélérats, toutes, leurs infamies redoublerent, & la ſatiété bien plus que la commiſération, en renvoyant cette malheureuſe dans ſa chambre, lui rendit au moins pour quelques heures le calme dont elle avait beſoin,

J’aurais bien déſiré pouvoir la conſoler cette premiere nuit, mais obligée de la paſſer avec Sévérino ç’eût été moi-même au contraire qui me fuſſe trouvée dans le cas d’avoir grand beſoin de ſecours ; j’avais eu le malheur, non pas de plaire, le mot ne ſerait pas convenable, mais d’exciter plus vivement qu’une autre, les infâmes déſirs de ce ſodomiſte ; il me déſirait maintenant preſque toutes les nuits ; épuiſé de celle-ci, il eut beſoin de recherches ; craignant ſans doute de ne pas me faire encore aſſez de mal avec le glaive affreux dont il était doué, il imagina cette fois de me perforer avec un de ces meubles de Religieuſes que la décence ne permet pas de nommer & qui était d’une groſſeur démeſurée ; il fallut ſe prêter à tout. Lui-même faiſait pénétrer l’arme en ſon temple chéri ; à force de ſecouſſes elle entra