Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/319

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elles s’obſervaient réguliérement tous les jours, on n’y changeait au plus que le local des ſaignées.

La Comteſſe, ſimplement entourée d’une robe de mouſſeline flottante, ſe mit à genoux dès que le Comte entra. — Êtes-vous prête, lui demanda ſon époux ? — À tout, Monſieur, répondit-elle humblement : vous ſavez bien que je ſuis votre victime, & qu’il ne tient qu’à vous d’ordonner. Alors Monſieur de Gernande me dit de déshabiller ſa femme & de la lui conduire. Quelque répugnance que j’éprouvaſſe à toutes ces horreurs, vous le ſavez, Madame, je n’avais d’autre parti que la plus entiere réſignation. Ne me regardez jamais, je vous en conjure, que comme une eſclave dans tout ce que j’ai raconté, & tout ce qui me reſte à vous dire ; je ne me prêtais que lorſque je ne pouvais faire autrement, mais je n’agiſſais de bon gré dans quoi que ce pût être.

J’enlevai donc la ſimarre de ma maîtreſſe, & la conduiſis nue auprès de ſon époux, déjà placé dans un grand fauteuil : au fait du cérémonial, elle s’éleva ſur ce fauteuil, & alla d’elle-même lui préſenter à baiſer cette partie favorite qu’il avait tant fêtée dans moi, & qui me paraiſſait l’affecter également avec tous les êtres & avec tous les ſexes. — Écartez donc, Madame, lui dit brutalement le Comte… & il fêta long-temps

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