de ſa femme ? & quels titres oſe alléguer cette
femme pour l’exiger de ſon mari ? La néceſſité
de ſe rendre mutuellement tels, ne peut légalement
exiſter qu’entre deux êtres également pourvus
de la faculté de ſe nuire, & par conſéquent
entre deux êtres d’une même force : une telle aſſociation
ne ſaurait avoir lieu, qu’il ne ſe forme
auſſitôt un pacte entre ces deux êtres de ne faire
chacun vis-à-vis l’un de l’autre, que la ſorte d’uſage
de leur force qui ne peut nuire à aucun des
deux ; mais cette ridicule convention ne ſaurait
aſſurément exiſter entre l’être fort & l’être faible.
De quel droit ce dernier exigera-t-il que l’autre
le ménage ? & par quelle imbécillité le premier s’y
engagerait-il ? Je puis conſentir à ne pas faire uſage
de mes forces avec celui qui peut ſe faire redouter
par les ſiennes ; mais par quel motif en amoindrirai-je
les effets avec l’être que m’aſſervit la Nature ?
Me répondrez-vous par pitié ? Ce ſentiment n’eſt
compatible qu’avec l’être qui me reſſemble, &
comme il eſt égoïſte, ſon effet n’a lieu qu’aux
conditions tacites que l’individu qui m’inſpirera
de la commiſération, en aura de même à mon
égard : mais ſi je l’emporte conſtamment ſur lui
par ma ſupériorité, ſa commiſération me devenant
inutile, je ne dois jamais, pour l’avoir, conſentir
à aucun ſacrifice. Ne ſerais-je pas une dupe
d’avoir pitié du poulet qu’on égorge pour mon
dîner ? Cet individu trop au-deſſous de moi,
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