Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/432

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bellir un inſtant la terre, que pour être auſſitôt flétrie !

Oh, Madame, dit-elle à la Dubois en la reconnaiſſant, eſt-ce donc ainſi que vous m’avez trompée !… Juſte-Ciel ! où m’avez-vous conduite ? — Vous l’allez voir, mon enfant, lui dit le maître de la maiſon en l’attirant bruſquement vers lui, & commençant déjà ſes baiſers, pendant qu’une de mes mains l’excitait par ſon ordre, Eulalie voulut ſe défendre ; mais la Dubois la preſſant ſur ce libertin, lui enleve toute poſſibilité de ſe ſouſtraire. La ſéance fut longue ; plus la fleur était fraîche, plus ce frêlon impur aimait à la pomper. À ſes ſuçons multipliés ſuccéda l’examen du cou ; & je ſentis qu’en le palpant, le membre que j’excitais prenait encore plus d’énergie. — Allons, dit Monſeigneur, voilà deux victimes qui vont me combler d’aiſe : tu ſeras bien payée, Dubois, car je ſuis bien ſervi. Paſſons dans mon boudoir : ſuis-nous, chere femme, ſuis-nous, continue-t-il en nous emmenant : tu partiras cette nuit, mais j’ai beſoin de toi pour la ſoirée. La Dubois ſe réſigne, & nous paſſons dans le cabinet des plaiſirs de ce débauché, où l’on nous fait mettre toutes nues.

Oh, Madame, je n’entreprendrai pas de vous repréſenter les infamies dont je fus à-la-fois & témoin & victime. Les plaiſirs de ce monſtre étaient ceux d’un bourreau. Ses uniques voluptés conſiſ-