Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/469

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forces ne fait que l’atteindre ; on me retourne, mêmes obſtacles, le cruel les obſerve en ſe polluant, & ſes mains féroces moleſtent les environs pour être mieux en état d’attaquer la place. Il s’y préſente, la petiteſſe naturelle du local rend les attaques bien plus vives, mon redoutable vainqueur a bientôt briſé tous les freins ; je ſuis en ſang ; mais qu’importe au triomphateur ? Deux vigoureux coups de reins le placent au ſanctuaire, & le ſcélérat y conſomme un ſacrifice affreux dont je n’aurais pas ſupporté, un inſtant de plus, les douleurs.

À moi, dit Cardoville, en me faiſant détacher, je ne la coudrai pas, la chere fille, mais je vais la placer ſur un lit de camp qui lui rendra toute la chaleur, toute l’élaſticité que ſon tempérament ou ſa vertu nous refuſe. La Roſe ſort auſſitôt d’une grande armoire, une croix diagonale d’un bois très-épineux. C’eſt là-deſſus que cet inſigne débauché veut qu’on me place, mais par quel épiſode va-t-il améliorer ſa cruelle jouiſſance ? Avant de m’attacher, Cardoville fait pénétrer lui-même, dans mon derriere une boule argentée de la groſſeur d’un œuf ; il l’y enfonce à force de pommade ; elle diſparaît. À peine eſt-elle dans mon corps que je la ſens gonfler & devenir brûlante ; ſans écouter mes plaintes, je ſuis fortement garrotée ſur ce chevalet aigu ; Cardoville pénétre en ſe collant à moi ; il preſſe mon dos, mes reins & mes feſſes