Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/471

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Allons, mes amis, dit Cardoville aux deux jeunes gens, emparez-vous de cette Catin, & jouiſſez-en à votre caprice ; elle eſt à vous, nous vous l’abandonnons. Les deux libertins me ſaiſiſſent. Pendant que l’un jouit du devant, l’autre s’enfonce dans le derriere ; ils changent & rechangent encore ; je ſuis plus déchirée de leur prodigieuſe groſſeur, que je ne l’ai été du briſement des artificieuſes barricades de Saint-Florent ; & lui & Cardoville s’amuſent de ces jeunes gens pendant qu’ils s’occupent de moi. Saint-Florent, ſodomiſe la Roſe qui me traite de la même maniere, & Cardoville en fait autant à Julien qui s’excite chez moi dans un lieu plus décent. Je ſuis le centre de ces abominables orgies, j’en ſuis le point fixe, & le reſſort ; déjà quatre fois chacun, la Roſe & Julien ont rendu leur culte à mes autels, tandis que Cardoville & Saint-Florent, moins vigoureux ou plus énervés ſe contentent d’un ſacrifice à ceux de mes amans. — C’eſt le dernier, il était tems, j’étais prête à m’évanouir.

— Mon camarade vous a fait bien du mal, Théreſe, me dit Julien, & moi je vais tout réparer. Muni d’un flacon d’eſſence, il m’en frotte à pluſieurs repriſes. Les traces des atrocités de mes bourreaux s’évanouiſſent, mais rien n’appaiſe mes douleurs ; je n’en éprouvai jamais d’auſſi vives.

— Avec l’art que nous avons pour faire diſparaî-