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Page:Sade - Justine, ou les Malheurs de la vertu.djvu/484

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plus avoir d’inquiétude ; rien ne parvenait à la calmer : on eût dit que cette triſte créature uniquement deſtinée au malheur, & ſentant la main de l’infortune toujours ſuſpendue ſur ſa tête prévît déjà les derniers coups dont elle allait être écraſée.

Monſieur de Corville habitait encore la campagne ; on était ſur la fin de l’Été, on projetait une promenade que l’approche d’un orage épouvantable paraiſſait devoir déranger ; l’excès de la chaleur avait contraint à laiſſer tout ouvert. L’éclair brille, la grêle tombe, les vents ſifflent, le feu du ciel agite les nues, il les ébranle d’une maniere horrible ; il ſemblait que la Nature ennuyée de ſes ouvrages, fût prête à confondre tous les élémens pour les contraindre à des formes nouvelles. Madame de Lorſange effrayée ſupplie ſa ſœur de fermer tout, le plus promptement poſſible. Monſieur de Corville rentrait en ce moment ; Théreſe empreſſée de calmer ſa ſœur vole aux fenêtres qui ſe briſent déjà ; elle veut lutter une minute contre le vent qui la repouſſe, à l’inſtant un éclat de foudre la renverſe au milieu du ſalon.

Madame de Lorſange jette un cri épouvantable & s’évanouit : Monſieur de Corville appelle au ſecours, les ſoins ſe diviſent, on rappelle Madame de Lorſange à la lumiere, mais la malheureuſe Théreſe eſt frappée de façon à ce que l’eſpoir même ne puiſſe plus ſubſiſter pour