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Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/216

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CHAPITRE IX


Le lendemain de l’arrivée de madame de Gange à Avignon, les trois frères vinrent lui rendre leur première visite. Le marquis se conduisit à merveille : l’intérêt, en ce moment, parla plus haut que tout autre sentiment dans son cœur. — Mille excuses bien sincères, madame, dit Alphonse, si vous n’avez recueilli que des malheurs dans la violence de mon amour pour vous. Comment se garantir d’un peu de jalousie, en aimant une aussi belle personne ? Nous avons été abusés par les fourberies, par les ruses d’un étourdi dont je dois détester jusqu’à la mémoire, puisque c’est à lui que je dois attribuer mes injustices envers vous. Puis-je me flatter de voir mon repentir effacer mes fautes ? — J’ose t’en répondre pour ma charmante sœur, dit le chevalier de Gange, qui n’avait pas vu cette jolie femme sans une prodigieuse émotion ; et je me flatte qu’elle ne me démentira pas. — N’en doutez point,