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LA MARQUISE DE GANGE

qui ne cherche qu’à prolonger, représente à son frère qu’il est impossible de laisser Ambroisine seule dans une chambre garnie, et leurs équipages à Tarascon. — Tout cela ne finira pas, dit le marquis ; et pendant ce temps qui sait ce qui peut se passer entre ma femme et ce jeune homme déjà fort amoureux d’elle ? — Mais ne viens-tu pas de dire que la démarche d’Euphrasie était la preuve du cas qu’elle faisait de ton cœur ? Pourquoi donc s’alarmer maintenant ? Sois conséquent dans tes soupçons, et ne t’inquiète pas plus qu’il ne le faut. — Oui, répond le marquis, toujours agité ; mais songe donc qu’elle part irritée contre moi, et que rien n’est à craindre en pareille occasion comme la vengeance d’une femme.

Cependant on marche toujours ; les voitures arrivent à Beaucaire ; on s’y place avec Ambroisine, très affligée de n’avoir retiré, pour tout plaisir dans ce voyage, qu’elle avait entrepris avec tant de joie, que les désagréments d’une aventure à laquelle son innocence et sa candeur ne concevaient rien, et qu’on ne lui expliqua qu’à deux ou trois lieues de Beaucaire, et sans que l’abbé qui la racontait lui en dévoilât les motifs.