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LA MARQUISE DE GANGE

parler plus à l’aise ; quel est l’instigateur de tout ceci ? — Je ne sais, dit la marquise, mais j’oserais croire qu’une même main a tout conduit. — Oui, certes, répondit Alphonse, il n’y a qu’une seule cause à tout cela, et cette cause n’est autre que ton imprudente erreur de Beaucaire. — Mais quelqu’un l’a produite, cette erreur, dit madame de Gange, et voilà ce qui est bien diffîcile à démêler : plus je veux asseoir mes idées sur quelques vraisemblances, plus je vois naître de contradictions ; et c’est après avoir bien réfléchi que je ne sais plus à quoi m’arrêter.

— j’éprouve les mêmes choses, répondit Alphonse ; mais ne fatiguons pas nos esprits en vaines conjectures. Nous voilà réunis ; je t’ai prouvé mon innocence ; tu m’as convaincu de la tienne : que notre avenir appartienne au bonheur, laissons l’infortune au passé.

À présent que le discernement de nos lecteurs a sûrement reconnu dans les nouveaux traits que nous venons de lui raconter la main perfide de l’abbé de Gange, il nous reste à leur développer les motifs qui lui firent compliquer cette aventure.

Pourquoi ne pas laisser le comte de Villefranche ramener la marquise au château, se contentant de la faire arrêter en entrant à Montpellier, afin que le but que se proposait Théodore se trouvât simplement rempli ? En voici la raison : d’abord c’eût été laisser trop longtemps sa belle-sœur