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LA MARQUISE DE GANGE

dans un coupable. — Ainsi donc, selon vous, pour mériter l’estime des autres, il faudra consentir à se charger de crimes qu’on ne commit jamais ? — Non, mais quand ce crime est commis, il faut consentir à l’avouer, plutôt que de l’accroître en persistant à le nier. Mais renonçons aux arguments d’une vaine logique, bien souvent sophistique, et toujours inutile. Votre mère a lu ce billet de Villefranche, que vous niez avec tant d’audace. — Je n’ai point écrit ce billet ; je ne me laisserai point accuser sans me défendre, et mon silence serait un crime aussi grand que celui qu’on me prête. — Vous vous défendrez en justice. — Je demande à y paraître sur-le-champ. — Soyez sûr que votre mari vous y traduira bientôt. En attendant, contentez-vous de savoir que votre mère refuse votre visite, d’après la pleine conviction dans laquelle elle est de vos torts. — Et dans ce cas, qu’est-elle venue faire au château ? — Prendre des papiers utiles au voyage qu’elle va faire à Paris, pour arranger, s’il est possible, le malheureux duel dont vous êtes cause, et qui, faute de pacification, retiendra votre époux éternellement en pays étranger. — Est-elle au moins fâchée de ce que je ne puis la voir ? — Non, puisque ce refus vient d’elle. — Et voilà donc toute ma famille contre moi ? Éprouverais-je un sort plus affreux si j’étais coupable ? Et n’est-il pas bien dur que l’on réserve