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LA MARQUISE DE GANGE

se livre. Puisse cet effrayant exemple contenir ceux qui étouffent le cri de leur conscience ! Ah ! qu’ils s’arrêtent au premier écart ; qu’ils réfléchissent sur tous les dangers du second, sur tous les maux qui doivent le suivre, et, contenus par les bons principes de leur enfance, par cette religion sainte dont on nourrit leurs premiers ans, ils éviteront bien des malheurs.

— Allons, monsieur, je vous crois maintenant, dit madame de Châteaublanc ; on doute toujours de ce qui affligé. Une douce illusion entretenait mon espoir ; vous me l’arrachez, il faut me résoudre ; et cette femme religieuse et sensible, se jetant aux pieds du même Christ, témoin du parjure de Théodore, s’écria toute en pleurs : — Ô mon Dieu ! donnez-moi le courage de supporter des peines aussi cruelles ; daignez surtout changer le cœur de ma fille, en y replaçant un jour ces vertus qui faisaient le charme de ma vie. Alors l’enfant se précipitant sur le sein de sa grand-mère, en la voyant inondée de larmes : — Pourquoi pleures-tu, maman ? lui dit-il, en la serrant dans ses petits bras. — Ô mon cher fils, répondit-elle en le baisant, puisses-tu toujours ignorer ce qu’il en coûte pour cesser d’aimer ce qui fit la gloire de nos jours ! Celui qui voyait les effets d’une crise aussi violente paraissait l’observer de sang-froid… Il est donc vrai que le crime éteint toutes les facultés de notre âme ;