Page:Sade - La marquise de Gange, Pauvert, 1964.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
53
LA MARQUISE DE GANGE

mais je n’oserais pourtant rien, si vous ne m’assuriez de l’infidélité du marquis. — Essayez, mon cher, essayez, et vous m’en direz des nouvelles. Et, le comte ayant promis à Théodore de suivre ses conseils, celui-ci ne pensa plus qu’à travailler à la seconde partie de son plan.

Il ne suffisait pas à la perfidie de l’abbé de Gange de faire faire une faute à sa belle-sœur, afin d’en profiter, il fallait encore qu’Alphonse en Fit une à son tour, afin qu’Euphrasie, convaincue de l’infidélité de son mari, se jetât plus aisément dans ses bras… Mais ne pouvait-il pas arriver que ce fût dans ceux de Villefranche, puisqu’on lui lançait ce jeune homme ? Oh ! c’est ce que ne redoutait point l’abbé : il était bien sûr d’arrêter à temps les élans de l’infidélité de sa sœur, s’il y avait lieu ; d’anéantir Villefranche, et de faire tourner tout à son avantage.

On n’imagine pas à quel point l’âme de Perret fut remplie de joie lorsque, en lui confiant ses projets, Théodore le chargea de tous les accessoires. — Morbleu ! que vous avez d’esprit, monsieur l’abbé, s’écria-t-il dans son enthousiasme ; vous auriez supplanté Mazarin, si vous aviez donné dans la politique. — Un amour effréné comme le mien parvient à tout vaincre, mon ami, répondit Théodore, rien ne résiste à sa violence ; semblable à l’aquilon impétueux, il détruit, il pulvérise tout ce qui paraît l’entraver ; et plus