Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 1, 1797.djvu/101

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cette petite putain tient tant à la vertu, et que, comme le remarque fort sagement ma sœur, cette qualité, différemment mise en action, pourra nous devenir nécessaire ; laissons-lui son pucelage ; mais il faut que nous soyons appaisés ; les têtes n’y sont plus ; et dans l’état où nous sommes, tu le vois, ma sœur, nous vous égorgerions peut-être toutes les deux, si vous résistiez à nos projets. Les passions de l’homme sans frein sont terribles ; c’est un fleuve qui se déborde, et qui ravage tous les environs, si on ne lui ouvre pas une issue. Tu dois te souvenir, Dubois, de nous avoir souvent vu massacrer des femmes qui nous résistaient ; et, ce qu’il y a de fort particulier, tu as vu le résultat de ces crimes devenir le même que celui de la luxure, et notre foutre couler sur le sang, comme il eut coulé dans des cons. Ne nous arrête donc pas, je te le conseille ; contente-toi de nous diriger. Voici donc ce que je propose :

Il faut que Justine se mette aussi nue que le jour qu’elle est venue au monde. J’exige qu’en cet état, elle se prête tour-à-tour aux différens caprices luxurieux qu’il nous plaira de passer avec elle, pendant que la Dubois, appaisant nos ardeurs, fera brûler l’encens sur