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reprise, allait courir les plus grands dangers, si un bruit de voiture ne se fut aussi-tôt fait entendre sur le grand chemin.

L’intrépide Cœur-de-Fer quitte aussi-tôt ses plaisirs pour ses devoirs ; il éveille ses gens y et vole à d’autres crimes.

Ah ! bon, s’écrie la Dubois, réveillée et assise en écoutant avec attention, bon, voilà les cris, le coup est fait ; rien ne m’amuse comme ces signes certains de la victoire ; ils me prouvent que nos gens ont réussi, et je suis tranquille. — Mais, madame, dit notre belle aventurière, et les victimes ? — Qu’importe ; il faut qu’il y en ait sur la terre : et celles qui périssent aux armées ?… — Ah ! ce sont pour des causes… — Infiniment moins importantes que celles-ci : ce n’est pas pour vivre que des tyrans donnent à des généraux l’ordre d’écraser des nations, c’est par orgueil ; dirigés par nos besoins, nous n’attaquons les passans que dans la seule intention de vivre, et cette loi, la plus impérieuse de toutes, légitime absolument nos actions. — Mais, madame, on travaille… on a un métier, — Eh bien, ma fille, c’est le nôtre, c’est celui crue nous exerçons depuis notre enfance, c’est celui dans lequel nous avons été élevés, et